le 28 septembre 2015New York, New York
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Actuellement, quelque 800 millions d’hommes, de femmes et d’enfants doivent vivre avec moins de 1,25 $ par jour. Imaginez la situation. Tenaillés par la douleur d’un estomac vide. Des milliards de nos semblables risquent de mourir de maladies que nous pouvons prévenir. Un grand nombre d’enfants sont en danger de mort à cause d’une simple piqûre de moustique. Et ceci est moralement indigne. Nous sommes face à une profonde injustice. Il s’agit littéralement d’une question de vie et de mort, et le monde doit agir maintenant. Nous ne pouvons pas laisser des personnes sur le bord de la route.
C’est pourquoi, aujourd’hui, nous nous engageons à défendre de nouveaux objectifs de développement durable, et ce faisant à mettre un terme à l’extrême pauvreté dans notre monde. Nous nous engageons en sachant combien cette tâche sera difficile. Nous n’ignorons pas les défis qui se poseront à nous. Mais nous savons que c’est un combat devant lequel nous ne pouvons reculer. Car de cette manière, nous reconnaissons que notre lien le plus élémentaire – notre humanité commune – nous impose d’agir. Un enfant pauvre d’un lointain bidonville ou d’un quartier pas si éloigné de nous a autant d’importance, autant de valeur, que n’importe lequel de nos enfants, n’importe lequel d’entre nous, n’importe quel chef de gouvernement ou dirigeant présent dans cette grande salle.
Nous réaffirmons que soutenir le développement, ce n’est pas un acte de charité, mais au contraire l’un des investissements les plus intelligents que nous puissions faire dans notre avenir. Après tout, c’est le manque de développement – lorsque les peuples n’ont ni éducation, ni travail, ni espoir, lorsqu’ils ont le sentiment que leur dignité humaine fondamentale est bafouée – qui contribue à alimenter tant de tensions, de conflits et d’instabilité dans notre monde.
Et j’ai l’intime conviction qu’un grand nombre des conflits, des crises de réfugiés et des interventions militaires au fil des années auraient pu être évités si les nations avaient réellement investi dans la vie de leur peuple, et si les nations les plus riches sur Terre étaient de meilleurs partenaires pour celles qui tentent de s’élever.
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Je suis ici pour dire que les États-Unis continueront à vous accompagner dans ce combat. Il y a cinq ans, j’ai fait la promesse ici même que l’Amérique resterait le chef de file mondial du développement, et le gouvernement des États-Unis, de fait, demeure le premier donateur d’aide au développement, y compris en matière de santé mondiale. En temps de crise – d’Ébola à la Syrie – nous sommes le plus gros donateur d’aide humanitaire. En période de catastrophe et de crise, le monde peut compter sur l’amitié et la générosité du peuple américain.
Mais la question qui se pose à nous, en tant que communauté internationale, est de savoir comment nous allons atteindre les nouveaux objectifs que nous avons fixés aujourd’hui ? Comment pouvons-nous mieux faire notre travail ? Comment pouvons-nous déployer nos ressources et nos fonds plus efficacement ? Comment les pays donateurs peuvent-ils agir plus intelligemment, et comment les pays destinataires peuvent-ils faire plus avec ce qu’ils reçoivent ? Nous devons tirer les leçons du passé – voir où nous avons réussi de sorte à pouvoir reproduire les bonnes pratiques, et comprendre où nous avons failli pour corriger ces défauts.
Et pour commencer, nous devons comprendre que ce nouveau chapitre du développement ne peut être victime des vielles distinctions entre pays développés et pays en développement. La pauvreté et l’accroissement des inégalités existent dans toutes nos nations, et toutes nos nations ont un travail à accomplir. Et cela vaut également ici aux États-Unis.
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Ce nouveau chapitre du développement ne peut se résumer simplement aux dépenses des gouvernements, il doit exploiter les ressources sans précédent de notre monde interconnecté. En l’espace de quelques années seulement – dans les domaines de la santé, de la sécurité alimentaire et de l’énergie – mon administration a engagé et aidé à mobiliser plus de 100 milliards de dollars pour promouvoir le développement et sauver des vies. Plus de 100 milliards de dollars. Et poussé par le nouvel accord que nous avons conclu à Addis, j’appelle les autres à nous rejoindre. Plus de gouvernements, plus d’institutions, plus d’entreprises, plus d’associations philanthropiques, plus d’ONG, plus de communautés religieuses, plus de citoyens – nous devons tous nous engager avec la volonté, les ressources et la coordination nécessaires pour atteindre nos objectifs. Ce travail doit être mondial.
De même, ce nouveau chapitre du développement ne doit pas se concentrer seulement sur les dollars que nous dépensons, mais aussi sur les résultats que nous obtenons. Et cela exige de nouvelles technologies et approches, de la responsabilité, cela demande d’utiliser les données, les sciences du comportement – comprendre qu’il y a des leçons que nous avons tirées, des meilleures pratiques sur la manière dont les populations vivent vraiment, pour que nous puissions améliorer radicalement les résultats. Cela implique de briser les cycles de dépendance en aidant les populations à devenir plus autonomes – il ne s’agit pas seulement de nourrir les populations, mais de leur apprendre comment subvenir à leurs besoins. Voilà l’objectif du développement.
Au lieu de simplement envoyer de la nourriture en période de famine – même si nous devons le faire pour éviter la faim – nous devons également apporter de nouvelles techniques, de nouvelles semences et de nouvelles technologies à davantage d’agriculteurs pour qu’ils puissent accroître leurs rendements et augmenter leurs revenus, nourrir davantage de personnes et arracher à la pauvreté des millions d’individus. Au lieu de simplement répondre aux épidémies comme Ebola – même si nous devons le faire, et nous l’avons fait – renforçons également les systèmes de santé publique et promouvons la sécurité sanitaire au niveau mondial pour prévenir les épidémies dès le départ.
À l’heure où davantage de pays prennent la responsabilité de leurs programmes de lutte contre le VIH/SIDA, les États-Unis se fixent deux nouveaux objectifs ambitieux. Dans les deux prochaines années, nous augmenterons le nombre de personnes couvertes par nos financements – de sorte que près de 13 millions de personnes atteintes du VIH/SIDA puissent obtenir un traitement qui leur sauve la vie – et nous investirons 300 millions de dollars pour aider à réduire de 40 pour cent le nombre de nouvelles contaminations au VIH parmi les jeunes femmes et filles dans les régions les plus durement touchées de l’Afrique subsaharienne. (Applaudissements.) Et je suis convaincu que nous pouvons y parvenir – la première génération sans SIDA (Applaudissements.)
Ce nouveau chapitre du développement doit également favoriser la croissance économique – pas seulement pour quelques-uns au sommet, mais une croissance inclusive et durable qui améliore le destin de la majorité.[…] Et investissons dans notre ressource la plus importante – nos peuples – leur éducation, leurs compétences. Investissons dans les entrepreneurs innovateurs, ces jeunes gens travailleurs qui adoptent les nouvelles technologies, créent des entreprises et peuvent être à l’origine de nouvelles industries qui changent le monde. J’ai rencontré des jeunes gens sur tous les continents, et ils peuvent ouvrir la voie si nous leur donnons les moyens dont ils ont besoin.
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permettez-moi de vous dire que nous n’atteindrons jamais nos objectifs si nous n’affrontons pas directement plusieurs menaces insidieuses pour la dignité et le bien-être des peuples à travers le monde. Peu importe la somme de travail accomplie par les agences de développement, peu importe l’ampleur des dons et des engagements des pays donateurs, si nous ne nous occupons pas de certains autres aspects du développement, nous ne remplirons pas les objectifs que nous avons fixés.
Tout d’abord, la mauvaise gouvernance est une menace pour le développement. Aujourd’hui, nous affirmons ce que nous savons être vrai grâce à des décennies d’expérience – pour que le développement et la croissance économique soient vraiment durables et inclusifs, il faut des gouvernements et des institutions qui se préoccupent de leur peuple, qui répondent de leurs actes, qui respectent les droits de l’homme et rendent la justice pour tous et pas seulement pour quelques-uns.
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Le développement est également menacé par les inégalités. Cette question fait l’objet d’un débat politique dans ce pays, alors je veux être clair, ce n’est pas une chose contre laquelle les États-Unis sont immunisées. Chaque pays est confronté à ce problème. Les plus riches et les plus puissants dans nos sociétés aiment souvent que les choses restent telles qu’elles sont, et jouissent souvent d’une influence politique disproportionnée. Quand des enfants pauvres ont plus de risque de tomber malades et de mourir que les enfants des quartiers plus riches juste à l’autre bout de la ville ; quand des familles en milieu rural sont plus susceptibles de ne pas avoir accès à de l’eau potable ; quand des minorités ethniques et religieuses, ou des personnes en situation de handicap, ou des personnes ayant des orientations sexuelles différentes font l’objet de discriminations ou n’ont pas accès à l’éducation et aux mêmes chances – cela nous empêche tous de progresser. Par conséquent, dans tous nos pays, nous devons investir dans des interventions qui nous permettent d’atteindre davantage de personnes – parce que nul ne devrait être laissé sur le bord de la route en raison de son lieu de résidence ou de son apparence.
Le développement est menacé par les vieilles attitudes, en particulier celles qui refusent d’accorder des droits et des chances aux femmes. Dans trop de pays, les jeunes filles ont moins de chances d’aller à l’école que les garçons. Dans le monde, les femmes sont moins susceptibles d’avoir un emploi que les hommes et ont plus de risques de vivre dans la pauvreté. Je l’ai déjà affirmé et je continuerai de le répéter – l’un des meilleurs indicateurs de réussite d’un pays est la manière dont ce pays traite ses femmes. (Applaudissements.) Lorsque les femmes ont une éducation, lorsque les femmes ont un emploi, leurs enfants ont plus de chances d’obtenir une éducation, leurs familles sont en meilleure santé et plus prospères. Leurs communautés et leurs pays s’en sortent mieux, également. Par conséquent, chaque nation – l’ensemble de nos nations – doit investir dans l’éducation, la santé et les compétences de nos femmes et de nos jeunes filles.
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Le développement est menacé si nous ne reconnaissons pas l’incroyable dynamisme et les possibilités de l’Afrique d’aujourd’hui. Des centaines de millions d’Africains restent confrontés à la misère et à des maladies mortelles, à des agressions quotidiennes contre leurs vies et leur dignité. Mais j’ai visité l’Afrique récemment, et ce que j’y ai vu m’a donné de l’espoir et devrait, je le sais, vous donner de l’espoir également, car ce continent a réalisé des progrès impressionnants dans les domaines de la santé et de l’éducation. C’est l’une des régions dont la croissance est la plus rapide dans le monde, avec l’émergence d’une classe moyenne.
[…] Par conséquent, j’appelle le monde à nous rejoindre à l’heure où nous mobilisons des milliards de dollars dans de nouveaux échanges et investissements et dans le développement en Afrique – et cela inclut Power Africa, l’initiative que nous avons créée pour apporter l’électricité et davantage de possibilités à plus de 60 millions de foyers et d’entreprises en Afrique. Si nous aidons l’Afrique à réaliser pleinement son potentiel, toute l’économie mondiale en bénéficiera. […]
Le développement est menacé par la guerre. Cela devrait être une évidence, mais elle mérite d’être rappelée. Ce n’est pas une coïncidence si la moitié des populations en situation d’extrême pauvreté dans le monde vivent dans des régions rongées par la violence et les conflits chroniques. Aujourd’hui, quelque 60 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont été contraints d’abandonner leurs foyers, pour beaucoup à cause des conflits qui ravagent le Moyen-Orient et l’Afrique. Nous ne pouvons ignorer ces crises humanitaires et ces réfugiés, et nous avons le devoir d’apporter l’aide d’urgence nécessaire immédiatement. Et les pays qui le peuvent doivent faire davantage pour accueillir les réfugiés, en reconnaissant que ces enfants sont exactement comme les nôtres. Mais nos efforts doivent s’accompagner d’un difficile travail de diplomatie et de réconciliation pour mettre fin aux conflits qui déchirent si souvent les sociétés.
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Et enfin, le développement est menacé par le changement climatique. […]
Tous nos pays seront affectés par le changement climatique. Mais les plus pauvres de ce monde paieront le plus lourd tribut – de l’élévation du niveau des océans et de l’aggravation des sécheresses aux pénuries d’eau et d’aliments. Nous verrons apparaître des réfugiés du changement climatique. Comme sa Sainteté le Pape François a imploré le monde, avec raison, ceci est une injonction morale.
Dans tout juste deux mois, le monde aura l’opportunité de s’unir autour d’un accord mondial solide. […] nous devons mettre en place les outils et les financements pour aider les pays en développement à adopter des énergies propres, s’adapter au changement climatique et veiller à ce qu’il n’y ait pas de faux choix entre le développement économique et les meilleures pratiques qui peuvent sauver notre planète. Nous pouvons entreprendre les mêmes actions en même temps. Les communautés et les vies de milliards d’individus dépendent du travail que nous accomplissons. […]
Les futures générations de jeunes gens qui nous regardent aujourd’hui comme demain nous jugeront par les choix que nous ferons dans les mois et les années à venir. […]—–